Avant de s’attaquer à l’Himalaya les alpinistes savent à quoi s’en tenir, ils étudient à vue depuis la vallée les caractéristiques et itinéraires du sommet convoité et peuvent préparer hommes et matériels en conséquence. Contrairement à eux, les Spéléonautes en quête d’absolu ne connaissent rien des sources qu’ils envisagent d’explorer. Cachés dans les entrailles de la terre, les siphons ne se dévoilent que peu à peu au fur et à mesure de la ténacité de leurs découvreurs.

Lorsque il est « vierge », rien ne laisse présager son profil. Sera-t-il un siphon étroit boueux et vite impénétrable ? Sera-t-il un siphon majeur, long ou profond ?

L’étude des karsts noyés est une extraordinaire aventure humaine de notre époque moderne. Alors que, l’aventure est souvent associée à l’idée de voyages lointains, pour les spéléonautes, il est inutile d’aller au bout du monde pour la vivre, elle est là, à portée d’un week-end, sous leurs pas.

Véritable sonde vivante, le spéléonaute explore, topographie et analyse les nombreuses réserves d’eau douce insoupçonnées que recèlent les terrains calcaires.

Toujours plus loin, toujours plus profond semble être sa devise. Cette démesure n’est pas sans un certain danger, mais il sait rester seul en deçà de ses propres limites physiques, technique ou physiologiques.

1-Définition du siphon

Sous terre, le siphon désigne une galerie entièrement noyée ; pendant de longues années il a été le cauchemar du spéléologue car il pouvait mettre un terme définitif à ses explorations.

2-Le milieu

Pénétrer dans un siphon engendre de nombreuses contraintes techniques très différentes de la plongée mer.

Premièrement le siphon a toujours un plafond

•    qui empêche de faire surface immédiatement.

•    qui impose de sortir en faisant le même trajet qu’à l’aller

•    qui impose la redondance du matériel et une véritable autonomie pour faire face à tous les incidents

•    De plus, il nous contraint à une gestion rationnelle et draconienne du gaz.

Deuxièmement, sous terre, il fait noir, l’obscurité est totale

D’où l’obligation d’utiliser un éclairage puissant, sûr et redondant.

Troisièmement, les galeries sont rarement lisses et rectilignes.

Pour s’orienter dans des cavités noyées, le fil d’Ariane est l’élément indispensable pour effectuer une plongée en toute sécurité.

Mais, il est indispensable de savoir :

•    le marquer,

•    le mettre en place,

•    le suivre correctement,

•    et le couper.

Car si l’absence de fil d’Ariane a causé la mort de nombreux plongeurs spéléologues, c’est aussi sa présence qui est à l’origine de nombreux accidents mortels en cas de mauvaise utilisation.

Autre point particulier de la plongée souterraine : les sédiments, qui sont omniprésents.

Le passage des plongeurs peut décrocher des particules d’argile et réduire la visibilité jusqu’à néant malgré l’utilisation d’un éclairage puissant.

Et enfin, une connaissance de l’hydrogéologie du réseau est indispensable.

On ne plonge pas de la même manière dans une perte, dans une résurgence ou dans un regard. De plus, il faut savoir renoncer à toute exploration quand la météo est menaçante.

Pour en finir avec les contraintes du milieu, il faut bien savoir que :

La notion d’autonomie en plongée souterraine ne se limite pas à l’autonomie en Plongée subaquatique.

Elle implique une connaissance du milieu, du matériel, des techniques spécifiques et une grande force mentale.

Le Spéléonaute

Nous avons parlé de spéléonaute

Ce mot un peu pompeux, voire prétentieux avec sa connotation empruntée à l’espace pour ses similitudes en matière de scaphandre, d’apesanteur et d’isolement a été inventé par Michel SIFFRE.

A l’origine, ce mot désignait le spéléologue scientifique qui se prêtait parfaitement à ses travaux hors du temps avec la NASA

Mais c’est Francis LEGUEN qui lui a donné sa signification actuelle.

Maintenant il  est largement adopté par tous.

Il désigne le plongeur souterrain de l’extrême celui qui va loin ou profond, lourdement harnaché.

Marc DOUCHET